#5 -Urban Hacking : Gouvernance des villes et innovation

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4075 Dernière modification le 25/06/2021 - 07:06
#5 -Urban Hacking : Gouvernance des villes et innovation

Urban Hacking, réinventer la ville grâce au numérique ?

Depuis quelques années une tendance est en train d’émerger au sein des entreprises permettant de développer l’innovation et d’accroitre la performance de celles-ci grâce à l’intelligence collective et l’esprit d’initiative. Il s’agit du « Corporate Hacking ». Ayant fait la preuve de son efficacité pour faire évoluer les cultures et les modes de pensée, cette approche qui vise à remettre en question tous les rouages d’un système dans le but de l’améliorer s’étend progressivement à toutes les sphères collectives et commence à conquérir les villes. Un nouveau type de citoyen, plus engagé, plus volontaire est en train de naitre. On pourrait le qualifier d’Urban Hacker ou pirate urbain. 

Mais de qui s’agit-il et quel est son rôle dans la ville de demain ?

l’Urban Hacker, plus corsaire que pirate

Le terme "Hacking" est généralement interprété avec une connotation négative en raison de son utilisation fréquente et parfois abusive dans les médias grand public, mais si vous comprenez vraiment sa définition, il devient évident que le Hacking à l’initiative des acteurs de la ville (Urban Hacking) peut jouer un rôle important dans le développement futur de nos villes. L'art du Hacking implique d'innover au sein d'un écosystème existant, de l'améliorer et de questionner ce système pour comprendre pourquoi il est tel qu'il est. Dans l'ensemble, il s'agit d'un processus démocratique qui repose en grande partie sur la pensée critique et sur les méthodes
faisant largement appel à l’intelligence collective.

Avec la multiplication des initiatives publiques et privées en matière de démocratie participative qui font d’ailleurs écho aux attentes exprimées plus largement au sein de la société (le grand débat en est une expression récente), il apparait incontournable pour les acteurs de la cité d’intégrer dans leur stratégie d’innovation une manière d’intégrer et de fédérer ces « Urban Hackers » volontaires et motivés. Or, les valeurs qui sous-tendent une démocratie saine, comme la collaboration, le volontariat, la participation et l'esprit d'entreprendre, sont les mêmes que celles qui sous-tendent Internet. Le digital est donc naturellement le canal de prédilection de l’Urban Hacking pour inventer la ville de demain.

Budgets participatifs, un exemple d’Urban Hacking, fruit de la contestation du système en place

Il n’est pas surprenant de constater que ces initiatives trouvent leurs racines dans un mouvement né en Amérique du sud (initialement au Brésil) au sein de mouvements altermondialistes et contestataires. En effet, pour Hacker un système en place il faut s’autoriser à le questionner et accepter de le remettre entièrement en cause si l’on veut le faire évoluer.

Participer activement aux décisions d’investissement et d’utilisation d’une partie du budget de sa ville est devenu depuis quelques années monnaie courante dans de nombreuses communes. Non seulement il vous est proposé de donner votre avis sur des investissements proposées par votre municipalité, mais il est aussi possible d’être à l’origine d’initiatives éligibles et donc finançables dans le cadre de ce budget participatif.

Le rôle des plateformes numériques participatives

Elle joue un rôle clé, car c'est elle qui est au centre du fonctionnement collaboratif d’une démarche participative d’Urban hacking. La plateforme recueille les idées, les organise, incite les citoyens à l'utilisation via des processus « gamifiés », se décline sur toutes les plateformes numériques et contient de nombreuses fonctionnalités afin de favoriser l’émergence et la transformation des idées en projets concrets.

D'autre part, la plateforme insiste davantage sur la co-construction de solutions plutôt que sur la seule collecte de proposition. Il peut être tentant de considérer la collecte et le volume comme un indicateur d’efficacité important, mais toutes les idées, même si elles sont les bienvenues, ne sont pas mûres et actionnables immédiatement. Se concentrer exclusivement sur la collecte, c'est s'adresser uniquement à la minorité qui a assez d'assurance pour s'exprimer, en prenant le risque d'exclure ceux qui n'osent pas se lancer.

Une plateforme participative, c'est tout d’abord une expérience réussie

Pour y parvenir, l'expérience utilisateur l'interface doivent travailler de concert afin de faciliter la
mise en relation des acteurs (citoyens et institutionnels) et des idées. La plateforme se doit donc
d’être intuitive et facile d'accès. Elle ne décourage pas, car elle est capable de s'effacer au profit des
idées. Quand on est sur Facebook, finalement, on ne réalise pas qu'on est sur un outil spécifique avec
des caractéristiques précises. On s'intéresse au fil d'actualité, aux notifications, aux interactions et à
ce qui fait que les utilisateurs peuvent se rapprocher les uns des autres. Sur une plateforme
d'innovation participative, c'est la même chose : la technologie est au service de l'humain et pas une
fin en soi. Elle est donc, par nature, un objet évolutif qui s’améliore constamment.

Une tendance qui gagne les sphères publiques et privées

Grand débat national, démarches d’open innovation corporate, budgets municipaux participatifs,
sont autant d’initiatives visant à « Hacker » un système en place grâce au digital en mobilisant
l’intelligence collective. La transformation digitale est un vecteur de changement qui rend la
mobilisation et la participation des citoyens plus simple et plus massive. Les organismes publiques et
privés l’on comprit et ils n’hésitent plus à associer le plus grand nombre de volontaires dans des
démarches de réflexion voire de prise de décision et force est de constater que le sujet de la ville de
demain (la Smart city) ne fait pas exception tant les initiatives se multiplient depuis 4 ans.

Bientôt, tous « Hacker » de notre quotidien pour le bien de la collectivité !

Phénomène de mode, signe des temps ou tendance de fond, impossible de savoir ce qui adviendra de toutes ces initiatives car notre société moderne évolue à une vitesse telle qu’il est impossible d’anticiper à moyens termes son devenir. Toutefois, il subsiste une certitude quant au fait qu’internet est un espace d’expression libre qui fait désormais partie de notre ADN et au sein duquel nous avons pris des habitudes participatives (réseaux sociaux, pétitions, cagnottes en lignes …). Il parait donc peu probable d’imaginer que les villes souhaitant favoriser plus d’innovation et de démocratie participative fassent marche arrière.

Un article signé Ofer Attali, CEO de AYNO, la plateforme d'intelligence collective

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